17 septembre 2010
À parler avec les gens de finances personnelles, on se rend compte que bien des personnes ont certains objectifs ici et là mais peu ont une vraie vue d’ensemble de leur situation. Cette vue d’ensemble comprend notamment les éléments suivants : études des enfants, budget annuel, bilan, placements, assurance de personnes, assurance de dommages, planification de la retraite, planification successorale et fiscalité.
Or, on dirait que les objectifs financiers sont souvent dictés par l’urgence. Cette urgence pousse les clients à prioriser des éléments qui devraient passer en second plan. Par exemple, dans le cas d’une planification de la retraite. Quels sont les éléments souvent les plus examinés par les clients? La fiscalité et le rendement du portefeuille.
Lorsque la « période des REER » sonne, les gens se précipitent chez leur conseiller financier ou leur institution financière pour cotiser à leur REER. Dans quel but? Atteindre leur objectif de retraite? Malheureusement, à mon avis, c’est la minorité des clients qui ont cet objectif précis à ce moment. Non, la priorité, c’est de « sauver de l’impôt ».
Même chose avec le rendement du portefeuille de retraite... Les gens surestiment souvent leur tolérance au risque et dès la première secousse, veulent effectuer une réallocation de leurs actifs, réduisant ainsi leurs fluctuations mais réduisant également le rendement espéré de leur portefeuille à long terme.
Ce faisant, ils concrétisent leurs pertes qui n’étaient alors que « sur papier ». Après un certain temps, ces mêmes personnes deviennent frustrées de ne pas réaliser un rendement supérieur.
Pour les personnes qui sont plus tolérantes face aux fluctuations des marchés, les périodes creuses leur font souvent changer de gestionnaire. Tout cela pourquoi? Dans le but d’obtenir le meilleur rendement possible. Mais à quel prix!
Bien que ces deux objectifs soient importants – réduire son impôt et obtenir le rendement le plus élevé possible – ils devraient, à mon avis, se classer bons deuxièmes derrière un objectif beaucoup plus important : profiter de la vie!
En effet, à quoi bon réaliser un rendement plus élevé si ce dernier est obtenu au prix d’heures de sommeil réduites et de stress qui s’accumule? À quoi bon « sauver de l’impôt » si cette économie ne se fait jamais sentir? Vous avez certainement déjà tous rencontré des personnes âgées qui refusent d’investir leur capital sous prétexte qu’ils perdront une partie de leur supplément de revenu garanti...
Les personnes ayant un plan d’accumulation pour la retraite placent théoriquement leurs objectifs de retraite devant celui de la fiscalité ou du rendement. Ceci est bien mais un autre piège, beaucoup plus subtil, les guette… le MOMENT où ils profiteront de la vie.
Vous conviendrez avec moi que le modèle traditionnel de la planification de la retraite implique la fixation d’un objectif de revenu de retraite. Or, l’objectif de presque tout le monde est de « maintenir le même niveau de vie » à la retraite que maintenant. Le problème c’est que le modèle traditionnel ne tient pas compte du niveau de vie actuel et de l’évolution de ce dernier au fil du temps. Autrement dit, le modèle traditionnel ne tient pas compte des années avant la retraite.
Ce que bien des conseillers font afin de tenir compte de ces années, c’est de demander à leur client dans quelle mesure il est confortable avec le niveau d’épargne proposé. Si ce dernier est inconfortable, le niveau d’épargne sera réduit et le revenu de retraite aussi – ou bien la retraite sera retardée... Si le client est à l’aise avec le plan d’action proposé, il épargnera le montant annuel calculé par le logiciel.
Cette dernière situation n’est cependant pas un gage de « maintien du niveau de vie actuel » car le niveau de vie actuel dépend de l’épargne faite pour atteindre un objectif de retraite. À moins que vous ne soyez en train d’épargner exactement le montant nécessaire, votre objectif de retraite devrait être modifié afin de tenir compte de l’ajustement de l’épargne proposé.
De plus, si vous épargnez le même montant à chaque année (ce peut être un montant indexé), qu’arrivera-t-il lorsque telle ou telle autre dépense disparaîtra de votre budget?
Par exemple, lorsque votre prêt hypothécaire sera terminé ou que les enfants auront quitté le nid familial? Ce nouvel argent disponible sera-t-il épargné? Si oui, vos revenus de retraite augmenteront indûment et votre retraite sera plus dorée que votre vie active... Sinon, un nouveau « niveau de vie » sera atteint et vos objectifs de retraite seront insuffisants pour maintenir ce niveau de vie...
Si une partie est dépensée et l’autre épargnée, il sera possible d’atteindre un équilibre entre le niveau de vie à la retraite et le niveau de vie pendant la période active mais ce nouvel équilibre se fera à un niveau supérieur à ce qu’il était auparavant, avant que cette dépense ne disparaisse...
Ce que je propose à mes clients depuis 2003 – publié en 2005 dans le livre Arrêtez de planifier votre retraite, planifiez votre plaisir, c’est d’atteindre un niveau d’équilibre à chaque année dans leur niveau de vie. Mais ce « niveau de vie » ne correspond pas à la totalité de leur budget mais simplement au budget excédant les dépenses de « survie », c’est-à-dire le budget consacré aux plaisirs de la vie.
Sans entrer dans une démonstration mathématique, je dirai simplement que plus ces dépenses seront nivelées dans le temps, plus le plaisir retiré de ces dernières sera grand. Voici graphiquement ce à quoi cela peut ressembler :
Cette méthode répond donc à la question : « QUAND voulez-vous profiter de la vie? ». La réponse est donc « toujours! » et non pas « à la retraite » ou « à telle ou telle année lorsque les enfants seront grands ou que ma maison sera payée »...
Cette méthode a donc comme résultat une qualité de vie maximale nivelée dans le temps avec une épargne en dents de scie et non une épargne nivelée dans le temps avec une qualité de vie en dents de scie.
À vous de choisir... Le livre est encore disponible en librairie ou en version pdf anglaise sur
www.geniusplanning.com.