20 octobre 2010
Lorsqu’on regarde les statistiques de 2008 en matière de droits de cotisation REER inutilisés (DCRI), on se rend compte qu’il y a beaucoup d’argent qui aurait pu être cotisé de la part des Canadiens et des Québécois.
Selon Statistique Canada, le montant total en 2008 de DCRI était d’environ 540 milliards de dollars. C’est un montant important qui revient à environ 27 000 $ par personne ayant des DCRI. Au Québec, la moyenne est légèrement inférieure et se situe aux alentours de 25 000 $. Les chiffres officiels de 2009 n’étant pas encore sortis, on peut toutefois faire quelques estimations basées sur la croissance des dernières années. Ceci nous amènerait à des DCRI de l’ordre de 585 G $ à la fin de 2009 et une moyenne de 28 000 $ pour les 21 millions de personnes touchées.
Combien de revenu cela représente-il pour les futurs retraités ?
En faisant l’hypothèse qu’un cotisant moyen est à 21 ans de sa retraite et qu’il réalisera un rendement de 6 % par année avant la retraite, un investissement de 28 000 $ immédiatement vaudrait 95 000 $ au moment de la retraite. Converti en revenu de retraite annuel, cela équivaudrait à 7 500 $ pendant 20 ans avec un rendement annuel de 5 %.
Globalement, pour 21 millions de contribuables canadiens ayant des DCRI, cela signifie donc un revenu de 157 G $ par année! Avec de tels chiffres, on est en droit de se demander si cette mesure est vraiment utile et si elle ne risque pas d’être plafonnée, comme lors de son instauration.
Imaginez un instant que chaque personne souscrive en moyenne à un « prêt REER » de 28 000 $ à un taux réellement intéressant (inférieur au rendement du REER), le gouvernement fédéral devrait absorber des déductions de 585 G $, ce qui est tout simplement gigantesque. Pensez au déficit ainsi généré... Il est certain que toutes ces déductions n’auraient pas lieu dans la même année car les contribuables ne pourraient en tirer pleinement avantage mais ils pourraient utiliser leurs « cotisations inutilisées » pour le futur.
Cependant, avec le niveau de vie moyen des contribuables, nous ne verrons pas cette situation se produire car les DCRI sont tout simplement trop élevés et, à mon avis, risquent de n’être utilisés qu’en très faible partie.
« Même si les institutions financières font des prêt destinés aux REER dont l’échéance atteint 10 ans, je connais peu de conseillers financiers qui suggèrent à leurs clients une échéance supérieure à deux ou trois ans » affirme François Doyon, président de Gestion Conseils François Doyon inc. « Personnellement, je préfère augmenter les prélèvements automatiques de mes clients que de les faire souscrire à un prêt REER à cause du risque de non rentabilité de la stratégie. D’autre part, je pense que les institutions financières sont mieux placées pour faire souscrire des prêts REER à leurs clients car elles ont accès directement à leur crédit. Certains clients ont cependant besoin qu’on leur force la main pour épargner et, en ce sens, un prêt REER d’une durée plus longue peut être de mise » soutient-il.
Il n’y a pas que les prêts REER qui aident les conseillers à faire utiliser les DCRI de leurs clients. « Lorsqu’un client vend son entreprise ou encore touche un héritage important, c’est le moment idéal pour éliminer les droits inutilisés » indique M. Doyon. « Les déductions font alors l’objet d’un report partiel grâce au mécanisme de cotisations inutilisées, ce qui minimise l’impôt payable par le client » conclut-il.
Il serait également intéressant de faire une étude sur l’impact qu’aurait un refinancement des dettes des contribuables qui aurait pour effet de dégager une marge de manœuvre pouvant servir à l’épargne. Prenons par exemple, une dette de 8 000 $ sur une carte de crédit à 19,9 %. 145 $ d’intérêt par mois… En diminuant ces intérêts de 100 $ par mois, cela signifierait un investissement REER possible de près de 2 000 $ de plus par année.
Malgré les divergences d’approches qui existent en matière de planification de la retraite, nous sommes tous d’accord sur un point : les intérêts payés sur les dettes doivent être réduits au minimum. Si vous avez des contacts dans le domaine du crédit, je vous suggère de présenter à vos clients des scénarios de refinancement à taux inférieur afin de dégager des sommes additionnelles pouvant être investies pour la retraite pour ne pas que tous leurs droits inutilisés deviennent des droits… inutiles.