20 juillet 2016
Parmi les éléments de risque que comporte un placement, il y a celui du taux de change lorsque le placement est effectué dans une devise étrangère.
La façon dont fonctionne le gain ou la perte sur devise dépend du type de transaction sous-jacente.
Lorsqu’il s’agit de revenu, par exemple des intérêts, des dividendes ou des revenus de location, le gain ou la perte sur devise peuvent être calculés à partir des taux change moyens de l’année ou du mois où il a été généré.
Cependant, lorsqu’il s’agit d’un gain (ou d’une perte) en capital, il faut prendre le taux de change de la journée de la transaction. Le taux alors utilisé peut être celui de midi ou celui de fermeture de la journée. Si un investisseur effectue plusieurs transactions pendant l’année, il est recommandé d’utiliser toujours la même heure pour le taux de change afin d’éviter des questions de la part des autorités fsicales.
Par exemple, avec les données suivantes, voici comment calculer le gain ou la perte en capital d’un investissement en dollars américains :
Rendement USD : 10 %
Taux de change (USD/CAD) Achat : 1,250
Taux de change (USD/CAD) vente : 1,300
* USD signifie dollars américains et CAD signifie dollars canadiens
Le gain (ou la perte) en capital en dollars américains est facile à calculer, il s’agit simplement du rendement. Il est donc de 10 %.
Le gain en capital canadien, toutefois, nécessite un petit calcul. Avec des taux de change exprimés en USD/CAD – c’est-à-dire le nombre de dollars canadiens nécessaires à l’achat d’un dollar américain – la formule de calcul est la suivante :
GC = Rendement × (taux de change à la vente / taux de change à l'achat)
Dans notre exemple, le gain en capital canadien serait donc égal à 14,4 %, soit 10 % × 1,300 / 1,250. Intuitivement, on voit que la devise américaine s’est appréciée par rapport au dollar canadien alors il est normal que le gain en capital en résultant soit supérieur au gain calculé précédemment.
Si l’on décortique cette formule pour en montrer les différentes étapes, ça donne le cheminement suivant :
On constate donc que la devise affecte le taux de rendement du portefeuille ainsi que le gain fiscal. Si la devise canadienne s’apprécie entre l’achat et la vente, le gain diminuera et inversement.
Par ailleurs, lorsque le gain est imposable aux États-Unis, par exemple lors de la vente d’un bien immobilier, l’investisseur doit ainsi déclarer un gain en capital différent aux États-Unis de celui déclaré au Canada. Le crédit d’impôt pour impôt étranger sera ainsi affecté et pourrait aider ou nuire à l’investisseur selon que la devise canadienne s’est appréciée ou non entre le moment de l’achat et celui de la vente.
Dans certains cas, la variation du taux de change peut mener à des résultats pas très intuitifs… Par exemple, si vous avez eu l’idée d’investir le 18 janvier 2002 et de vous retirer le 7 novembre 2007 chez un gestionnaire ayant reproduit l’indice S&P 500, le gain de votre portefeuille, en USD, a été de 45,21 %, soit un rendement annuel composé de 6,64 %. Pas si mal, direz-vous… Sauf que… avec l’effet de la devise, le gain de 45 % devient une perte de 17,46 %!
Par contre, pour les personnes ayant décidé de rentrer sur le marché américain le 7 novembre 2007, toujours en réalisant le rendement de l’indice S&P 500, auraient vu leur gain cumulatif de 71,75 %, en USD, passer à 143,66 % en CAD au 30 juin dernier, soit un rendement annuel composé de 10,85 % au lieu de l’apparent de 6,46 % en dollars américains!
Il est évidemment possible de se prémunir, en partie ou en totalité, contre ces variations en investissant dans des véhicules qui utilisent des produits dérivés afin d’annuler cet effet. Comme investisseurs canadiens, plus on pense que le dollar canadien va s’affaiblir en comparaison avec celui de nos voisins du sud, plus on devrait éviter cette protection de la devise, ce hedge dans le jargon. Cependant, la fluctuation de la devise constitue un élément supplémentaire dans l’évaluation du risque de placement qui ne devrait pas être négligé.